Alberto García-Alix

Nicolás Combarro

Catégorie :
  • Collection Juste entre nous
  • 144 pages – 14 x 19 cm
  • 32 images noir et blanc
  • Couverture souple
  • Français
  • ISBN : 979-10-92265-47-7
  • Prix : 19,50 €

Cette conversation intime et familière est le fruit d’une collaboration de près de quinze années avec García-Alix.

J’ai eu la chance d’être commissaire de la plupart de ses expositions sur cette période et j’ai pris part à de nombreux projets audiovisuels et éditoriaux qu’il a dirigés. Mais par-dessus tout, nous sommes liés par une amitié indéfectible et par la grande admiration que je lui porte.

Sa vie et son œuvre s’entremêlent dans ce livre, témoignage d’une façon d’appréhender la photographie indissociable de sa biographie.

Une manière de travailler vraisemblablement en voie de disparition. Un García-Alix inédit, qui nous parle à la première personne.

Au milieu des années 1970, un jeune García-Alix désinvolte et insoumis déam­bulait dans la vie, aspirant aux rencontres qui jalonneraient bientôt la trajec­toire d’un devenir en pleine éclosion. Il fallait de la matière première pour que l’alchimie opère. Les premiers clichés pris avec une Nikon F2 obéissaient à une intention : tirer des épreuves pour ensuite faire apparaître des images sur le papier photographique.

Alberto cherchait dans l’obscurité un pont imaginaire entre le moment de la prise de vue et celui du développement du tirage. Pour gagner en confiance, il procédait par tâtonnements, modulant les temps et le contraste à petits coups. Autant d’heures passées, et pour ainsi dire perdues, dans la chambre noire à apprendre, par pure intuition, de ses propres erreurs.

Il y a, dans ces premières images qu’entoure un halo de jeunesse, la même in­tuition avec laquelle il immortalisait ses amis et son environnement. Des airs de liberté qu’Alberto semblait avoir trouvés à travers la photographie : « déci­der où et comment regarder » ne dépendait que de lui et de sa quête.

Ce jeu se fera progressivement plus conscient et lui offrira la possibilité de découvrir et de se découvrir lui-même par le biais de l’image. À la même époque, il se lie d’amitié avec l’artiste Ceesepe. Tous les dimanches, ils tiennent un stand au Rastro, le marché aux puces de Madrid. Ils y vendent des BD underground de copains et de dessinateurs en herbe.

Quand bien même Alberto ne se revendiquait pas (ni ne se revendique) in­tellectuel, sa jeunesse baignée de littérature et une fascination postérieure pour l’image se sont peu à peu, chez lui, puissamment entremêlées. Il y a donc quelque chose de curieux dans cette première expérience avec la BD, moyen d’expression qui présente des affinités avec la photo et le cinéma par son côté direct et sans complexe et sa structure narrative et séquentielle. Dans ce prolongement, il allait bientôt se lancer dans l’aventure cinémato­graphique.

Un premier court métrage commandé par Televisión Española (TVE), El día que muera bombita (1983), réalisé à quatre mains avec son ami Ceesepe, fut suivi un an plus tard du court métrage No hables más de mí (1984), dont il était le réalisateur et dans lequel il faisait une apparition en tant que personnage improvisé. Des œuvres revêtant un air de jeunesse pour laisser libre cours à son besoin grandissant de raconter.

Ses images mêlaient jusque-là spontanéité et simplicité, dans un paysage empreint à la fois de naïveté et de dureté. Ses photographies des premières années abordaient la réalité de manière directe. « Ce qui comptait pour moi, c’était de faire des photos. »

Il s’amusait en cherchant dans l’image des lam­beaux d’une réalité qui commençait à s’accélérer. Dans ces années de fuite en avant et d’appétence, une génération désirait tracer sa route et se doter d’une échelle de valeurs aux limites incertaines, avec la part de transgression et de risque que cela comportait…

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