Max Pam

Bernard Plossu

Catégorie :
  • Collection Juste entre nous
  • 152 pages
  • 14 x 19 cm
  • 32 images noir et blanc et couleur
  • Couverture souple
  • Français
  • ISBN : 979-10-92265-49-1
  • 19,50 €

Max Pam, voyageur, hippie, père de famille, mari, drôle, tendre, aventurier ? tout ça. On s’est rencontrés par papier interposé ! Vu des photos de lui dans la revue anglaise Creative Camera, en 1973 ! Et je les ai tellement aimées, elles m’ont paru si différentes de tout ce que j’avais vu sur l’Inde jusque-là, que je lui ai écrit pour l’en féliciter ; je brûlais d’envie de voir qui il était : il m’a répondu, et l’on ne s’est plus jamais quittés, a lifelong friendship, avec des visites à Paris, et même en famille jusqu’à Santa Fe dans les années 1980 !
Sacré Australien ! Parti jeune de son pays attiré immédiatement par l’Inde, il est en plein dans les années de la mouvance hippie !

Traversant depuis Londres le Moyen-Orient via l’Irak, s’arrêtant dans les villes afghanes, on the road, comme quelques années avant Nicolas Bouvier et Marc Riboud l’avaient fait, eux aussi !

Rien à voir avec la route américaine, lui c’est l’Orient. Et surtout, photographe, et quel œil ! Il est libre, aucune obédience, même s’il a lu et admiré Weston ou Diane Arbus. Son truc, si l’on peut dire, sa mission, son destin presque, c’est l’Asie. De l’Inde à la Chine via Bornéo, il est allé partout, déserts, montagnes, neige, gurus, villes, sages et prostituées, misère et tropiques, tout a été son terrain de photographie.
Bernard Plossu

Extrait

Un jour en 1973, je reçois Creative Camera, le meilleur magazine de photo en noir et blanc d’Angleterre, dont s’occupait à cette époque Peter Turner (Peter n’étant pas Pete Turner, le photographe couleur américain photographe souvent montré en France !)
J’ouvre quelques pages et me retrouve face à des images qui me soufflent littéralement : enfin quelque chose de totalement nouveau, de totalement sauvage, terriblement différent ! Bref, sauvage.

Des formats carrés contemporains, représentants des hommes indiens (d’Inde) : c’était une approche nouvelle et originale de la photographie. Je n’avais jamais vu pareille chose ! Ces photos n’avaient pas de « père », pas de Robert Frank ou d’Henri Cartier-Bresson, mais tout de suite j’y ai trouvé une saveur hippie, très excitante.

C’était les meilleures photos que j’ai jamais vues ; cela n’est arrivé que deux fois dans ma vie (l’autre fois fut quand j’ai rencontré, par l’intermédiaire de Lisette Model, le photographe de San Francisco Larry John – lui aussi il m’a soufflé !).

Alors je me suis demandé : c’est qui ce type ? C’est qui ce Max Pam ? Et quel nom génial…

Donc, j’ai écrit à Peter Turner, et une fois que j’ai eu ton adresse, notre correspondance a pu commencer, pour ne jamais s’arrêter.

Alors ma question est la suivante : comment tu as fait pour trouver ton propre style si vite ? Il n’y avait personne qui faisait ce genre de choses à l’époque. Comment tout ça a-t-il commencé ?

Évidemment, tu étais un hippie en voyage ! Mais peux-tu expliquer le choix de ce format, pourquoi ces personnes plutôt que les clichés habituels de l’Inde qu’on nous sert ?

Dis-moi – dis-nous ! – comment tout a commencé. Les voyages, le format, le sentiment de « non-reportage », le choix de ce sens de l’humour qui caractérise vraiment tes photos ?

Quelle est la clé de tout cela ? Que faisais-tu avant ? Le « danseur arc-en-ciel » est le chef-d’œuvre de toutes les images de la génération hippie, c’est certain !

C’est vrai que ce travail n’avait pas de père, mais il avait une mère, sans aucun doute : Diane Arbus. Ensuite, il y a aussi ce choix spécifique de la caméra au format carré, le Hasselblad. J’ai adoré cet appareil photo pendant de nombreuses années.

Après avoir échoué au lycée il fallait que j’obtienne un emploi et je savais que je voulais être photographe. J’aimais l’idée d’être photographe. Il y avait, à l’époque dans les années 1960, un attrait un peu louche pour ce métier. Cette forme d’art avait des liens directs avec les héros de la nouvelle culture de la jeunesse. David Bailey, en particulier, était l’illustration même de ce que je voulais devenir en tant que photographe. Ce n’était pas une question de photographies, je n’étais pas client de ses singeries de Richard Avedon. C’était sa vie que je voulais, le genre de vie que la photographie pouvait offrir.

Donc je suis parvenu à trouver un emploi pour travailler comme grouillot de chambre noire et assistant de studio pour un photographe de mode à Melbourne appelé Stan. C’est de là que je tire mon fétichisme pour le Hasselblad – ce morceau d’acier suédois super cher et ses objectifs Carl Zeiss encore plus chers. Cet appareil avait une beauté sculpturale certaine, comme un petit temple d’argent en boîte que je chargeais de pellicule Ektacolor pour Stan. Stan l’utilisait pour tout son travail de mode. Les astronautes l’utilisaient sur la lune…

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