- photographies et textes : Anthony Micallef
- 160 pages
- format 16,5 x 22 cm, broché
- 78 photographies en couleur
- Français
- ISBN : 979-10-92265-96-5
- sortie : 16/09/2021
- 27 €
- Ce livre bénéficie du soutien de la Fondation Abbé-Pierre
et de la Région Sud, Provences – Alpes – Côte d’Azur
Il venait de s’installer à Marseille. Deux mois à peine avant les effondrements mortels de la rue d’Aubagne. Photographe indépendant, Anthony Micallef décide de documenter la crise des délogés dans cette ville, donner un visage et une voix à ceux qui sont devenus invisibles. Indigne toit est un ouvrage / témoignage édifiant et poignant sur le problème du mal logement.
Le 5 novembre 2018, deux immeubles s’effondraient rue d’Aubagne à Marseille, faisant huit morts en plein centre-ville.
Très médiatisé sur l’instant, ce drame a été en réalité le déclencheur d’une crise humanitaire qui va secouer la deuxième ville de France pendant encore plusieurs années et la transformer durablement.
Après l’effondrement, la mairie a dû faire évacuer de nombreux immeubles considérés comme dangereux. Mais cette vague de “périls imminents” ne s’est plus arrêtée depuis : près de 5000 personnes ont été sorties de leurs foyers et envoyées dans des hôtels, où trois ans plus tard près de 500 y vivent encore. Chaque mois, les évacuations continuent.
Marseille est en effet l’une des dernières grandes ville occidentales à posséder un centre-ville populaire, et des quartiers pauvres, voire miséreux, à trois stations de métro du Vieux-Port : la nécessité de rénover est donc réelle, et les intérêts immobiliers immenses. Dans une ville à la politique longtemps clientéliste, la crise du logement indigne, la gestion des milliers de délogés et les projets de rénovation urbaines gigantesques placent Marseille, comme Barcelone quinze ans avant elle, à un tournant de son histoire : celui de sa gentrification à marche forcée.
Leïla : extrait
« Quand je fais le tour de Marseille, c’est pour éviter la rue d’Aubagne. Parce que la rue d’Aubagne, elle me rend folle. Je me bourre de cachets pour essayer de me calmer, mais je suis debout depuis deux heures du matin. Le ravalement des façades, c’est quoi ? C’est pour cacher la misère qu’il y a à l’intérieur. Gaudin sur France Bleu il a dit “Maintenant il serait temps que les gens sortent des hôtels parce que les touristes vont venir”. C’est quoi les gens, qu’est-ce qu’il appelle les gens ? C’est moi, c’est vous, c’est quoi ? »
Anthony Micallef est un photographe documentaire basé à Marseille. Après Sciences-Po, il suit la formation de photoreporter de l’EMI-CFD, et travaille depuis avec la presse nationale et internationale. Ses travaux « 20 ans et au Front » en 2014 et « Indigne toit » en 2019 reçoivent le coup de cœur de l’ANI.